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SIMO (1997)

Chacun des 8 étages de l’apparthôtel Urbis à Valence possède 3 appartements identiques, ce qui répresente au total 24 appartements identiques: une moquette identique de couleur verte, une kitchenette identique, une baignoire beige identique. L’ascenseur s’arrête à chaque étage et les 24 acteurs et actrices qui interprètent chaque soir “La marquise Rosalinda” au Théâtre Rialto voisin se souhaitent “bonne nuit”.

Dans l’ascenseur, je rencontre Pilar Rebollar, la comédienne naine qui incarne merveilleusement le personnage de “Menina”. Pilar pousse le bouton du 6ème étage avec son parapluie pliant. Pendant le trajet, elle me raconte son aventure quotidienne quand, chaque soir, elle doit ouvrir les tiroirs de l’armoire pour s’en servir comme des marches pour pouvoir accrocher son manteau. Monter sur un tabouret pour se démaquiller face au miroir et escalader le fauteuil pour arriver à ouvrir la fenêtre. Son appartement est identique aux autres, mais elle en subit l’altération d’échelle.
Dix ans plus tard, j’ai demandé à Pilar d’interpréter le personnage de ma première vidéo, Simo.

L’idée de forger un “canon” de la figure humaine à travers des systèmes de proportions et de constructions harmonieuses a dominé une grande partie de la culture occidentale depuis les Kouros grecs jusqu’au modulor de Le Corbusier, et qui par extension a entrâiné toute une production d’objets. Dans la petite chambre blanche, Simo s’érige en modèle, dans la double acception d’archétype et d’actrice jouant le rôle principal.
Entourée d’objets, elle nous démontre comment le prototype idéal peut devenir un stéréotype. Simo joue sans arrêt de façon convulsive, chargée de fétiches et à travers le mur transparent de sa chambre, elle nous montre combien l’idée d’un modèle universel est en crise.
Quelques-uns ont voulu voir en Simo un personnage antithétique à “Simon du désert”, l’anachorète qui habitait sur une colonne, renonçant au monde, comme il est décrit dans le film de Luis Buñuel. Le monde de Simo est peuplé de sacs qui contiennent des boîtes, contenant elles-mêmes d’autres objets. Entraînée dans une logique de “l’horreur du vide”, elle finira par démonter le décor pour remplir sa petite chambre blanche. Le spectateur suit les mouvements précis et sans paroles de ce nouveau modèle, qui se réfléchit dans le va-et-vient hypnotique de la caméra, l’oeil mécanique la surveillant n’étant entre autre que le sien propre.

EXHIBITION VIEW




Simo. Museo Patio Herreriano, Valladolid 2005
1997
Vidéo et salle de multi-projection
Master Betacam SP
Édition de 3 ex. et 1 HC
DVD 12min
Édités en boucle

Interpreté par: Pilar Rebollar
Assistant réalisateur: Rosa Novell
Direction d’acteurs: Marcos Pasquin
Directeur de la photographie: Toni Andreu
Costumes: Pep Duran y Nina Pawlowski
Chef maquilleur: Joan Alonso
Décors et accessoires: Connie Mendoza y Jaume Parera, con la colaboración de Yamandú Canosa
Régisseur adjoint: Paloma Unzeta
Machiniste: Manolo Cortina
Catering: Ana Mendoza
Photographe: Enric Berenguer
Post-production video: Sayago
Production audio: Give me sound
Figurants: Ahmed Ahrad, Carmen Balcells, Enric Berenguer, Mercedes Borges, Agustina Calsina, Yamandú Canosa, Alex, Júlia, Josep i Jordi Colomer Jr, Montse Cuchillo, Pep Duran, Jordi Encinas, César Giravent & Cel·la, Anna Guarro, Nacho Hernando, William Jeffet, Josep Llobell, Roc Llobell, Francesc Malpesa, Mireya Masó, Virginia Marx, Montse Matutano, Connie Mendoza, Quim Nolla, Rosa Novell, Adrià Olivares, Sergi Olivares, Marie Patou, Margarita Patou, Nina Pawlowski, Jaume Parera, Carlos Pazos, Javier Peñafiel, Alberto Peral, Julián Perrier, Carla Punset, Serafín Rodríguez, Nono Ruiz Daroca & July, Jaume Sandoval, Paloma Unzeta y el perro Terry.
Production: MACBA (Museu d’Art Contemporani de Barcelona)